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Une des grandes affaires du siècle : L’affaire du vol des bons du Trésor qui s’est déroulée à Londres en 1990 est un des braquages les plus marquant de l’histoire de l’Angleterre si l’on considère le butin dérobé, environ 292 millions de livres sous forme de 301 bons du Trésor. Il est aussi, en apparence au moins, le braquage le plus simple et efficace qui ait été organisé. Le 2 mai 1990 au matin, un homme muni d’une serviette porte-documents traverse le quartier de la City en direction de la banque d’Angleterre. Il est agressé par un homme seul armé d’un couteau qui lui subtilise sa serviette.

L’Affaire des bons du Trésor de Londres en 1990.

Comme chacun sait, les bons du Trésor sont impossibles à écouler sans éveiller l’attention des autorités. C’est pourquoi l’agence de courtiers Sheppards Money Brokers a choisi de les faire transporter sans mesure de sécurité particulière. L’unique précaution qui est prise est la tenue d’un registre des numéros des bons qui sortent chaque matin de l’établissement.

Coursier pour Sheppards Money Brokers, John Goddard, 58 ans, traverse à pied le quartier de la City. Il s’apprête à livrer ses bons du Trésor vers la banque d’Angleterre. Il connaît bien le quartier et préfère circuler par les petites rues pour éviter la foule. Ce matin-là, il est agressé par un homme seul muni d’un couteau. Tétanisé par la peur, il lui tend la mallette contenant 301 bons du Trésor « au porteur » d’une valeur de 1 million de livres chacun. Le butin total s’élève à 292 millions de livres, soit environ 348 millions d’euros.

Scotland Yard mène l’enquête.

La question principale à laquelle les policiers anglais cherchent à répondre est : s’agit-il d’une agression isolée par un petit escroc londonien qui, ce jour-là, a eu beaucoup de chance ? Ou bien une organisation a-t-elle préparé soigneusement le montage de l’attaque ? Étant donné la nature du butin dérobé, des bons du Trésor appartenant à l’une des plus grandes institutions d’Angleterre, il est quasiment impossible de revendre la marchandise sans y avoir réfléchi avant. D’où l’hypothèse émise par la police londonienne qu’un groupe organisé puisse être à l’origine de l’attaque.

Deux mois seulement après l’agression, les premiers bons du Trésor sont retrouvés aux Etats-Unis en possession d’un homme d’affaires texan Mark Lee Osborne. Ce dernier est arrêté par le FBI et accepte de collaborer en dénonçant plusieurs de ses complices. Parmi les noms, figure celui de Keith Cheeseman, qui sera le seul à être condamné suite à ses aveux. Keith Cheeseman est connu des services de police pour fraude, il a déjà été condamné à 7 ans de prison. En novembre 1990, pour le blanchiment de 16 bons du Trésor, il écope de 6 ans et demi de prison. Les autres suspects seront arrêtés puis relâchés par manque de preuves. Quelques mois après le braquage, Scotland Yard a retrouvé 299 sur les 301 bons du Trésor volés. Les deux bons manquants ne seront jamais retrouvés.

Bien que le braquage soit surprenant par son minimaliste, le fait que les bons du Trésor réapparaissent aux quatre coins du globe, laisse à penser qu’une organisation criminelle puisse être à origine de l’agression. Une autre piste est également envisagée par les policiers. En recoupant leurs informations, les soupçons se tournent vers Patrick Thomas, un escroc qui semble lié de très près à l’escroquerie. Il ne sera jamais arrêté, ni interrogé car il est retrouvé mort en décembre 1991.

Malgré le savoir-faire et l’acharnement de Scotland Yard, le mystère demeure entier quant aux véritables auteurs de ce surprenant larcin. Il n’est pas forcément nécessaire d’échafauder des plans pendant plusieurs mois comme dans l’excellente série la Casa de papel pour réussir le casse du siècle !