Le 20 avril 2010, la plateforme pétrolière DeepWater Horizon explosait en plein Golfe du Mexique tuant 11 personnes, en blessant 17 autres et provoquant la plus grande marée noire que les États-Unis aient jamais connue.
Est-ce l’affaire du siècle ?
La plateforme pétrolière DeepWater Horizon appartenait à la société suisse Transocean mais était exploitée par la BP (Bristish Petroleum). Lorsqu’elle explose ce 20 avril, elle contient 2,6 millions de litres de pétrole et en pompe 1,27 millions de litres. Elle finira par sombrer après 2 jours en flammes, à 70 kms des côtes de la Louisiane.
La BP mettra 87 jours à colmater le puits Macondo laissé béant à 1500 mètres de profondeur après avoir à peu près tout tenté :
- des barrages flottants ;
- le brûlage de la nappe, avec l’accord du gouvernement américain ;
- un pétrolier en surface pour pomper le brut ;
- un dôme en profondeur pour recouvrir le puits ;
- la dispersion de Corexit, un solvant qui fragmente les nappes de brut en gouttelettes, plus faciles à « digérer » par les micro-organismes vivants présents dans la mer.
La énième tentative de colmatage aboutit enfin le 4 août 2010. Le puits aura laissé s’échapper 780 millions de litres de brut. Ce scandale écologique est-il l’affaire du siècle ?
La catastrophe écologique.
En 10 jours, la marée noire atteint les côtes de la Louisiane. Le pétrole pénètre jusque dans les bayous, souillant au printemps 12 hectares de marécages, lieux de reproduction de tortues, mammifères et oiseaux. 2 000 kms de côtes et 8 parcs naturels sont à terme touchés sur 5 états : la Louisiane, la Floride, le Mississippi, l’Alabama et le Texas. 229 000 km² de mer sont alors interdits à la pêche.
6 000 oiseaux sont tués. La mortalité des mammifères marins, dont les dauphins et baleines, et celle d’espèces déjà en voie de disparition – comme la tortue de Kemp – sont nettement augmentées.
Un an après, le littoral était toujours souillé et 3 ans après, des nappes dispersées arrivaient sporadiquement sur les côtes, à la faveur des tempêtes et ouragans. L’écosystème fut détruit pour 20 à 30 ans.
Une affaire scandaleuse à plus d’un titre.
L’affaire Deepwater Horizon constitue un scandale multiple.
Les causes du scandale écologique.
Révélées par 17 mois d’enquête, elles ont conduit à la catastrophe :
- Le ciment du coffrage, fourni par un sous-traitant et devant retenir gaz et pétrole, était défectueux ;
- L’équipage Transocean n’a pas arrêté le forage à temps malgré les alertes de la plateforme ;
- Le bloc d’obturation qui aurait du permettre de fermer le puits souffrait d’un défaut entretien ;
- Par souci d’économie, la BP n’avait pas réalisé tous les tests de résistance du puits.
Scandaleuse fut la gestion de la crise.
Sept millions de Corexit furent répandus malgré sa toxicité pour les voies respiratoires et les organismes marins. Utilisé aussi en profondeur, il a surtout bloqué une grande partie du pétrole loin des regards… Les effets à long terme de ce dispersant sont, eux, inconnus.
Scandaleuse par l’énormité des sommes engagées.
La BP fut reconnue responsable et dut verser 16,8 milliards d’euros de dédommagements à l’état fédéral et aux 5 états touchés. A cette somme, s’ajoutèrent les indemnités versées aux victimes, le coût du colmatage du puits et les frais de dépollution.
La facture s’éleva à 48,7 milliards d’euros.
Scandaleuse par ses conséquences écologiques et humaines.
Le pétrole altère le système immunitaire des poissons et provoque des tumeurs.
Les impacts à long terme sont inconnus mais le pétrole détruit le phytoplancton nécessaire à toute vie sous-marine.
On ignore encore la totalité des effets sur les habitants exposés tant au pétrole qu’au Corexit.
Un scandal écologique car personne n’a retenu la leçon.
En octobre 2016, BP déversait 95 tonnes de pétrole au large des Shetlands en Mer du Nord. En 2019, l’administration Trump prévoit d’abolir les mesures réglementaires et sécuritaires drastiques mises en place par Barack Obama au lendemain de la marée noire causée par la Deepwater Horizon.