Le scandale écologique du love canal
Connaissez-vous un scandale écologique, survenu dans l’état de New-York, qui a longtemps défrayé la chronique ? L’affaire du Love Canal inquiète encore aujourd’hui, après avoir été occultée pendant de longues années. Retour sur une tragédie effroyable liée à l’enfouissement de déchets toxiques dans le sol américain…
L’origine du Love Canal :
William T. Love est un entrepreneur utopiste, qui s’est installé dans l’état de New-York, au début des années 1890. Il a vécu dans la banlieue de Niagara Falls, où il a nourri le projet de construire une cité idéale. Cette dernière aurait dû devenir une ville « modèle », avec de la végétation et des zones d’habitation. Son projet n’a malheureusement jamais vu le jour. L’entrepreneur a juste eu le temps de creuser un canal d’un km de long, s’étendant ves le Nord, avant de finir ruiné. Il a donc dû abandonner son plan initial. Le canal s’est peu à peu rempli d’eau. Des enfants s’y sont baignés en été. Un petit coin de paradis en plein air ? Détrompez-vous ! Cette vision idyllique du Love Canal s’est transformée peu à peu en enfer, bien des années plus tard. L’affaire du siècle du Love Canal a débuté sous l’impulsion d’une société de produits chimiques.
Quand les industriels investissent le Love Canal :
En 1920, le Love Canal a été vendu à Niagara Falls et s’est métamorphosé en une décharge à ciel ouvert. Cet endroit a vite attiré l’attention d’un industriel, Elon Hooker, qui cherchait un dépotoir pour enfouir ses déchets toxiques. En 1940, le canal de l’amour est devenu le canal de l’enfer. Plus de 21 000 tonnes de produits chimiques ont été enterrés dans le Love Canal par la société Hooker Chemical Company ! Le canal a ensuite été recouvert de terre et les végétaux ont verdi le sommet de la décharge. L’illusion d’une zone à nouveau « propre » a fait croire que tout était normal. La suite de l‘affaire du Love Canal va prouver le contraire.
Le scandale écologique éclate :
A cette époque, les dangers toxiques et les effets secondaires de l’exposition aux produits chimiques étaient encore méconnus. Le Love Canal était recouvert d’argile et personne ne se doutait qu’une bombe à retardement dormait sous la terre. La population de Niagara Falls a progressivement augmenté et la ville a eu besoin de nouveaux terrains. Il a été prévu de construire une nouvelle école sur la zone contaminée. L’industriel Elon Hooker a d’abord refusé de vendre, puis il a fini par capituler devant l’insistance du conseil scolaire local. La zone de la décharge du Love Canal a été cédée pour un euro symbolique. L’homme d’affaires a pris le soin de décliner toute responsabilité concernant les déchets toxiques dans l’acte de vente. En 1955, plusieurs centaines d’écoliers ont investi l’école et des maisons ont été construites aux alentours. En 1976, des odeurs nauséabondes se sont répandues dans l’air, après une période de pluies torrentielles. Des morceaux de phosphore sont remontés à la surface. Les arbres des jardins et les végétaux ont commencé à dépérir, les humains aussi…
Les conséquences sanitaires :
Une mère d’élève s’est inquiétée de la santé de son fils, le jeune Mickael. L’écolier était si souvent malade que cela en devenait suspect. Une pétition a alors circulé afin de demander la fermeture de l’école. Cela a attiré l’attention du gouvernement sur ce quartier. En 1978, un commissaire de la santé publique, le Dr Robert P. Whalen, a été chargé d’enquêter. Les conclusions ont révélé un véritable désastre : des lésions cancéreuses, des fausses couches, des enfants morts-nés, des anomalies congénitales étaient dûs au benzène et à d’autres substances toxiques. Plus de mille familles ont été évacuées et la zone du Love Canal a été entièrement nettoyée. Le projet de ville » idéale » pensé par William T. Love a donc été le théâtre d’un scandale écologique sans précédent !